Ce titre de Mathias Enard, extrait d'un livre de Rudyard Kipling, nous dépeind un Michel Ange invité du sultan de Constantinople. Pour lui, le défi est double : montrer au pape Jules II qu'il ne lui doit rien et surpasser le génial mais - 'si peu artiste' - Léonard de Vinci dont le projet avait été refusé par le sultan.
Les aventures stambouliotes (j'ai appris ce mot bosphorien) de Michel-Ange sont le prétexte à faire ressentir tout ce monde oriental grâce à de riches descriptions : les fêtes, le caravansérail, les danses androgynes...
C'est avec un réel plaisir que l'on accompagne l'artiste dans son trouble face à ces beautés entrevues, puis approchées.
Des chapitres poétiques, livrés par une danseuse, tels des récits des mille et une nuits, ponctuent ce court mais intense roman pour faire contrepoint aux détails d’Histoire de l’art (on voit ou entrevoit quelles ont été ses sources d'inspiration pour telle et telle œuvre), ce qui fait de ce livre à la fois un récit historique et une fiction
La personnalité de Michel-Ange, hésitant dans ses choix : pape/sultan ; chrétien/musulman ; guerre/poésie ; orient/occident ; homosexualité/hétérosexualité nous apparaît, dans sa complexe humanité.
Une histoire de détails, de poésie, d'oppositions, écrite d'une plume à la fois forte et légère qui donne envie de remonter le temps.
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