29 sept. 2010

Sylvain Tesson (II)

Ci dessous, article du Figaro Magazine relatant l'expérience de Sylvai,n Tesson dans la Taïga. Passionnant.













Lien de la page d'origine 24/09/2010

«J'ai vécu six mois en ermite au bord du lac Baïkal»
Journal de bord :

Je me suis installé pendant six mois dans une cabane au sud de la Sibérie, sur les bords du Baïkal. Le temps pressait. Avant 40 ans, je m'étais juré de faire l'expérience du silence, de la solitude, du froid. Demain, dans un monde de 9 milliards d'humains, ces trois états se négocieront plus cher que l'or. J'étais à l'étroit dans la nature de France. Le jour où j'ai lu dans une brochure ministérielle qu'on appelait les coureurs des bois des « usagers d'espaces arborés», j'ai su qu'il était temps de gagner la taïga. Une fuite, la vie dans les bois? La fuite est le nom que les gens ensablés dans les fondrières de l'habitude donnent à l'élan vital. Un jeu? Comment appeler autrement la mise en scène d'une réclusion volontaire devant le plus beau lac du monde? Une urgence? Assurément ! Je rêvais d'une existence resserrée autour de quelques besoins vitaux. Il est si difficile de vivre la simplicité.

Ma cabane fut construite par des géologues soviétiques dans les années brejnéviennes. C'est un cube de rondins, de trois mètres sur trois, chauffé par un poêle en fonte. L'isba s'élève sur un cap de la rive ouest du lac Baïkal, dans la réserve naturelle de la Lena, à quatre jours de marche du premier village et à des centaines de kilomètres d'une piste. Elle s'appuie sur des versants granitiques hauts de 2 000 mètres. Un boqueteau de cèdres la protège des rafales. Les arbres donnent leur nom au lieu-dit Les-Cèdres-du-Nord. Devant la carte, j'ai pensé que « Cèdres-du-Nord » sonnait comme un nom de résidence de personnes âgées. Après tout, il s'agit bien de cela : j'entre en retraite.

On n'accède chez moi que par l'air ou l'eau. J'arrive un soir de février après deux jours de voyage en camion sur la glace. Quatre mois par an, les eaux du lac Baïkal sont gelées. La solidité du manteau, épais d'un mètre, autorise la circulation. Les Russes y font rouler des camions, des trains. Parfois, la glace craque; un véhicule et son passager sombrent dans les eaux silencieuses. Y a-t-il plus beau tombeau qu'une faille de 25 millions d'années?

Pour le naufragé jeté sur un rivage, rien n'est poignant comme le spectacle d'une voile disparaissant dans le lointain. Mes amis d'Irkoutsk me déposent sur la berge et s'en retournent à la ville, 500 kilomètres au sud. Je regarde le camion se fondre à l'horizon. 33 °C en dessous de zéro. La neige, le froid, les craquements de la glace. Une rafale soulève le grésil. Six mois à vivre ici. Je vais enfin savoir si j'ai une vie intérieure.

Quatre caisses remplies de matériel, de pâtes et de Tabasco sont rangées sous l'auvent. Le piment mexicain permet d'avaler n'importe quoi en ayant l'impression de manger quelque chose. A Irkoutsk, ma liste de courses ressemblait à un inventaire d'orpailleur du Klondike: cannes à pêche, lampes à huile et raquettes à neige. J'ai aussi acheté une icône de saint Séraphim de Sarov, l'ermite du XIXe siècle qui se retira dans les bois et apprivoisa les ours. Pour vivre, il faut des livres, de quoi pêcher, quelques bouteilles et beaucoup de tabac. Ce n'est pas fumer qui tue, c'est ne pas vivre comme on l'entend.

Premier geste sur le seuil de l'isba: je jette six bouteilles de vodka dans la poudreuse. A la fonte des neiges, quatre mois plus tard, je les retrouverai. Ce sera le cadeau de l'hiver au printemps. J'ai toujours préféré la météorologie à la politique : les saisons glissent. Il n'y a que l'homme pour s'accrocher à son fauteuil.

Recette du bonheur: une fenêtre sur le Baïkal, une table devant la fenêtre. Je vais passer six mois à la mode russe : assis devant le thé, le regard à travers le carreau, la main sur la joue dans la position du Dr Gachet peint par Van Gogh. Je suis venu ici me réconcilier avec le temps. Je veux lui demander de m'apporter ce que les immensités ne me procurent plus: la paix. Je veux regarder passer les jours par le vasistas de ma solitude.

Se chauffer avec le bois fendu, s'abreuver de l'eau puisée, se nourrir du poisson pêché : l'ermite ne délègue pas aux machines le soin de satisfaire ses besoins.

Au-dessus du châlit, je cloue une planche de pin et y range les livres de la quatrième caisse. J'ai emporté Michel Tournier pour les songeries, Grey Owl pour l'exemple, Mishima pour les froids d'acier. J'ai trois comédies de Shakespeare et les Odes de Segalen, Marc Aurèle, Jünger, Jankélévitch et des polars de la « Série Noire» parce que, tout de même, il faut souffler. De la poésie chinoise pour les insomnies, Déon pour la mélancolie, Lawrence pour la sensualité. Les Mémoires de Casanova, aussi, parce qu'il ne faut jamais voyager avec des lectures évoquant le pays où l'on séjourne. Par exemple, à Venise, lire Lermontov. Enfin, un tome de Schopenhauer, mais je ne m'étais pas représenté que je n'aurais pas la volonté de l'ouvrir. Les mille pages du Monde finissent en socle à bougeoir.

Chaque jour passe, se dresse à l'aube, offert en page blanche. Vivre en cabane, c'est l'expérience du vide: nul regard pour vous juger, nulle compagnie pour vous inspirer, pas de garde-fou. La liberté, ce vertige. Dans les cabanes, certains solitaires finissent en clochards, ivres morts sur un lit de mégots et de boîtes de conserve. L'impératif pour vaincre l'angoisse, c'est de s'imposer un rythme. Le matin, je lis, j'écris, je fume, apprends de la poésie, je dessine et joue de la flûte.

Puis ce sont de longues heures consacrées à la vie domestique: il faut couper le bois, entretenir le trou à eau, déblayer la neige, installer les panneaux solaires, préparer les lignes de pêche, réparer les avanies de l'hiver, griller le poisson. Agir réchauffe. Je m'habitue à la vie par moins 30 °C. Je ne chasse pas. Je trouve d'une impolitesse inouïe de dézinguer le peuple des forêts où l'on séjourne en invité. Aime-t-on que l'étranger vous agresse? En outre, cela ne blesse point ma virilité que des êtres plus beaux, plus nobles et mieux découplés que moi vaquent en liberté dans les sous-bois immenses. L'après-midi, j'explore mon domaine, cours les bois, repérant les traces de cerfs, de loups, de lynx et de visons.

Un rythme immuable scande mes journées. Ecriture le matin, puis course dans les montagnes, les criques et les forêts qui environnent mon abri.

Souvent, je grimpe dans la montagne. Le Baïkal se révèle, au-dessus de la ligne des arbres. Ce lac est un pays. Baies et caps sinuent sur l'ivoire des glaces. A 80 kilomètres vers l'est, les sommets de la Bouriatie annoncent les steppes mongoles. Moi qui sautais sur chaque seconde de la vie pour lui tordre le cou et en extraire le suc, j'apprends à fixer le ciel pendant des heures, assis près d'un feu de bois, méditant sur des questions cruciales: y a-t-il des pays en forme de nuage?

Parfois une tempête balaie la neige. La glace du lac se découvre vive, pure, veinée de nervures turquoise. On croirait ces photographies d'écheveaux neuronaux sorties des microscopes. Lorsque je patine sur le miroir gelé, un kaléidoscope psychédélique défile sous mes lames: je glisse sur un songe, profond de mille mètres.

Parfois une mésange vient toquer au carreau. Les mésanges n'ont pas le snobisme de ces oiseaux qui passent l'hiver en Egypte. Elles tiennent bon et gardent la forêt dans le gel. Je leur parle. Je converse aussi avec les arbres, les lichens et moi-même. Parler seul est le plaisir de l'ermite. Lorsqu'il revient en société, il ne supporte pas d'être interrompu. Je préfère la nef des houppiers aux ogives des églises. Dans la vie, il faut choisir sa voûte. J'aimerais bien croire aux dieux antiques, m'adresser aux nymphettes, espérer les ondines. Hélas, la lucidité m'a asséché le cœur: je ne peux que jouer à vénérer les fées. Avoir la foi, souvent, c'est faire semblant.

La solitude ne me pèse pas. Elle est fertile: quand on n'a personne à qui exposer ses pensées, la feuille de papier est un confident précieux et, de surcroît, jamais las. Le carnet de notes prend la valeur d'un compagnon poli. La solitude impose des devoirs. Seul, il faut s'efforcer à la vertu pour ne pas se faire honte. Le défi de six mois d'ermitage, c'est de savoir si l'on réussira à se supporter. En cas de dégoût de soi, nulle épaule où s'appuyer, nul visage pour se lustrer les yeux : Robinson finit dans la soue lorsqu'il doute de lui. L'inspecteur forestier Chabourov, qui m'a déposé sur cette grève le premier jour, le savait. Il m'a glissé, énigmatique, en se touchant la tempe: « Ici, c'est un magnifique endroit pour se suicider. »

Tous les 20 ou 30 kilomètres, un poste de garde abrite un inspecteur de la forêt. Mes voisins viennent me rendre visite à l'improviste. Ils s'appellent tous Vladimir. Ce sont des Russes des forêts : ils aiment Poutine, regrettent Brejnev et entretiennent à l'endroit de l'Occident la méfiance du paysan pour le petit-bourgeois. Ils refuseraient pour toute la fortune de l'oligarque Abramovich de retourner en ville. Comment supporteraient-ils l'entassement, eux qui ouvrent leur porte, chaque matin, sur une plaine liquide où cinglent les oies sauvages ? Ils tiennent leur domaine comme des seigneurs féodaux, fusil à l'épaule, loin de la loi moscovite. La liberté : fille naturelle de la vie dans les bois.

Parfois un pêcheur s'arrête chez moi. Rituel: je débouche la vodka, et l'on vide trois verres. Le premier à la rencontre, l'autre au Baïkal, le troisième à l'amour. On verse une goutte sur le plancher pour les dieux domestiques. Mes visiteurs m'annoncent les nouvelles du monde : les marées noires, les émeutes de banlieue, les crises financières et les attentats. Les nouvelles ont été inventées pour convaincre les ermites de demeurer dans leur retraite.

Février passe, glacial; mars, lentement, et avril, ouaté. L'hiver russe est pareil à un palais de glace: lumineux et stérile. Un jour, quelque chose change à la surface. La glace se gorge d'eau, signe de débâcle proche. Le 22 mai, les forces du printemps mènent l'assaut, ruinant les efforts de l'hiver pour ordonnancer le monde. Un orage secoue le manteau de glace, les blocs explosent, libèrent des pans d'eau qui submergent les éclats du vitrail. Un arc-en-ciel relie les rives que les premières escadres de canards gagnent à tire-d'aile. L'hiver a vécu, le lac s'ouvre, la forêt s'anime. Les ours réveillés rôdent sur les berges, les larves transpercent l'humus, rhododendrons et azalées fleurissent, les fourmis ruissellent sur les flancs de leurs cités d'aiguilles. Les bêtes savent que la douceur ne durera pas et qu'il faut se reproduire dans l'urgence. La nature, contrairement à l'homme, ne pense pas qu'elle a tout son temps.

C'est alors qu'un inspecteur de la réserve me fait cadeau d'Aïka et Bêk, deux chiens sibériens âgés de quatre mois. Jusqu'alors, je me méfiais des chiens et citais Cocteau : « J'aime les chats parce qu'il n'y a pas de chats policiers. » Mes deux compagnons aboient quand l'ours arrive. Par deux fois, nous tombons nez à nez avec de beaux spécimens d'Ursus arctos, maraudant sur les grèves. L'ours sait que l'homme est un loup pour l'ours et, à chaque fois, les fauves disparaissent dans les saules nains après quelques secondes de face-à-face. Pour vivre heureux, passer son chemin.

La nuit, je trouve la paix dans les bois. A l'aube, je tire la vie du lac. Le secret du bonheur : une canne à pêche pour n'avoir pas faim, deux chiens pour n'être pas seul. (Thomas Goisque/Le Figaro Magazine)
La nuit, je trouve la paix dans les bois. A l'aube, je tire la vie du lac. Le secret du bonheur : une canne à pêche pour n'avoir pas faim, deux chiens pour n'être pas seul. (Thomas Goisque/Le Figaro Magazine)

Mes chiens s'attachent à mes pas. Ensemble, pendant trois mois, nous battons la forêt, courons sur les sommets, vivons en trolls norvégiens: campant sur le lichen des plateaux toundraïques, nous réchauffant au feu des bivouacs, déjeunant des poissons que je tire à la ligne. A la fin, nous dormons tous les trois enlacés. Je ne raillerai plus jamais les vieilles dames gâtifiant devant leur caniche sur les trottoirs des sous-préfectures de France.

Quand les derniers glaçons ont libéré les eaux, je glisse en kayak sur le lac. La taïga vert de bronze passe, austère. L'armée des pins défile, baïonnette au canon. Le silence se déchire du cri d'un corbeau. Un phoque d'eau douce lève la tête hors de l'eau et considère l'embarcation qui fend la soie. Le brouillard s'accroche aux mélèzes : le lac se juche sur la grève. Les talus sablonneux marbrent les rives de plaques d'or. Les cascades ruissellent sur les falaises : libérées, elles viennent prendre les eaux. Un orage de juillet déchire le ciel en charpie. Quand les nuages coiffent les crêtes, il faut regagner la rive car, ici, la tempête s'abat en dix minutes. Chacun de mes voisins a perdu un ami, un fils, un frère, avalés par les vagues.

Le génie de ces lieux se confirme au fur et à mesure que mes yeux en connaissent chaque repli. Vieux principe de sédentaire: on ne se lasse pas de la splendeur devant laquelle on vit. La lumière est là pour nuancer les visages de la beauté. Celle-ci se cultive, se fouille. Seuls les voyageurs pressés l'ignorent. Finalement, avec la vodka, l'ours et les tempêtes, le syndrome de Stendhal est le seul danger qui menace l'ermite.

Un jour, je dois rentrer, quitter mes bêtes, fermer la porte, charger mes caisses dans le bateau qui m'attend. Je ne savais pas que la fourrure des chiens absorbait si bien les larmes. Je quitte ma cabane où j'ai réussi à faire la paix avec le temps en privilégiant l'immobilité du stylite à la fièvre du vagabond, la vérité de l'instant aux impostures de l'espoir. J'aurais dû me rendre compte plus tôt que les statues ont l'air apaisées.

Si cela se trouve, nous finirons de plus en plus nombreux en cabane. A mesure que le monde se confirmera invivable - trop bruyant, trop peuplé, trop confus et trop chaud -, certains d'entre nous gagneront les bois. La forêt deviendra le recours des exilés de leur époque. De petites communautés se replieront sous les futaies, défricheront des clairières, s'y créeront une vie joyeuse, protégée du fracas moderne, hors de portée des tentacules urbains. Dans l'Histoire, à chaque fois que le monde s'est embrasé, les bois ont tendu le refuge de leurs nefs. Le tonnerre de la technique, les tremblements de la guerre roulent jusqu'à l'orée des frondaisons mais n'y pénètrent pas. L'autorité des villes s'arrête, elle aussi, aux lisières. Et les forêts, rompues à l'éternel retour des printemps, ne s'étonnent jamais que des âmes mélancoliques viennent chercher refuge sous leurs voûtes.

La consolation des forêts: savoir qu'une cabane vous attend quelque part, où quelque chose est possible.

Sylvain Tesson (I)




Géographe, journaliste, voyageur, Sylvain Tesson parcours le monde à pieds, à cheval ou en vélo. Son
Petit Traité sur l'Immensité du Monde est plus qu'un livre initiatique, c'est un véritable recueil de philosophie de vie.

(Editions des Equateurs - 2005)

Présentation de l'éditeur : "Pour ralentir la fuite du temps, Sylvain Tesson parcourt le monde à pied, à cheval, à vélo ou en canot. Dans les steppes d'Asie centrale, au Tibet, dans les forêts françaises ou à Paris, il marche, chevauche, mais escalade aussi les monuments à mains nues. Pour mieux embrasser la terre, il passe une nuit au sommet de Notre-Dame de Paris, bivouaque dans un arbre ou sous un pont, recourt aux cabanes. Cet amoureux des reliefs poursuit le merveilleux et l'enchantement. Dans nos sociétés de communication, Sylvain Tesson en appelle à un nouveau nomadisme, à un vagabondage joyeux. Ce Petit traité sur l'immensité du monde est un précis de désobéissance naturaliste, une philosophie de poche buissonnière, un récit romantique contre l'ordre établi".


27 sept. 2010

Film : L'armée des 12 singes

J'ai enfin réussi à voir l'armée des 12 singes qui est sans doute (avec Brazil) le film de Terry Gilliam qui a reçu le plus de succès (même Télérama !)
Une histoire qui mélange habilement folie, fin de l'humanité et voyages temporels sur la trame d'un homme marqué par une image d'enfance.
En 2035, l'humanité vit dans des souterrains suite à la propagation d'un virus mortel en 1996. Le seul espoir des survivants est de retrouver la piste du virus dans le passé. Les voyages dans le temps en sont alors à leur début et seuls des prisonniers sont déclarés « volontaires ». James Cole (Bruce Willis), hanté par une image d'enfance dont on comprendra le sens à la fin du film, est envoyé à la recherche de cette fameuse Armée des 12 Singes qui a, semble t-il libéré le virus. Parviendra-t-il à obtenir ces renseignements ?

Je ne vais pas raconter l’histoire pour ceux qui ne l'ont pas vu film; ce serait les priver à la fois d'un bon spectacle et d'une très bonne base de réfections. A préciser cependant qu'il ne faut pas lâcher le fil conducteur sous peine de peine de ne pas pouvoir apprécier à la fois le scénario et le brio avec lequel T. Gilliam nous fait progresser dans son film.
Des aller retour entre passé et présent, le jeu entre vérité et folie (réalité/imaginaire), les similitudes entre images du passé et la réalité (?) dans laquelle est plongé le 'héros'. Il y a beaucoup à dire sur ce film passionnant, mais aussi complètement 'no future' : qu'est ce que la folie, est ce que le monde a un avenir face à une science qui peut la détruire ?.

Bruce Willis, Brad Pitt (exubérant) et la trop rare Madeleine Stowe pour le casting font de ce film une œuvre de tout premier plan.


24 sept. 2010

Film 'Sans Retour'

"En 1973, en Louisiane, un petit groupe d'hommes de la Garde Nationale se déplace pour une marche de reconnaissance dans les bayous. Ils empruntent des pirogues abandonnées afin de traverser un lac. Pour plaisanter, l'un de ces soldats de fortune pointe son arme chargée à blanc vers la rive et tire. Les propriétaires des embarcations, des chasseurs cajuns, répliquent et tuent le chef de l'escouade. Commence alors une impitoyable chasse à l'homme....."

Ce film de 1981, (30 ans déjà !) que j'ai revu très récemment en DVD, n'a pris aucune ride. Est-ce lié au lieu de l'action (les bayous, intemporels), au scénario (on est pas si éloigné de Délivrance, de Boorman), aux personnages, aux acteurs impeccables, à commencer par Powers Boothe ?.
Walter Hill, le réalisateur réalise un film fort et impressionnant, où les réactions humaines se révèlent, en bon comme en mauvais. Pas de héros, juste sauver sa peau, pour des soldats armés de balles à blanc contre des 'ombres' du bayou armés de chevrotine et de couteaux.
Les images des bayous de Louisiane et de leurs habitants (peut-être trop inquiétants, mais dans la paranoia qui s'est emparée des soldats, cela peut se justifier), ainsi que la musique de Ry Cooder, font de ce « Southern Comfort» un film de genre (le survival) unique et mémorable. La fin du film est un beau moment de cinéma, d'une forte intensité.

Bref un film à avoir dans sa DVDthèque, d'autant plus que l'édition DVD ne date que de 2008, avec une copie correcte.

20 sept. 2010

Ouragan de Laurent Gaudé (roman)

Aout 2005. La Nouvelle-Orléans. L'ouragan est annoncé. Certains habitants restent, abandonnés, oubliés, repliés sur leurs blessures intérieures, alors que la plupart s'enfuit, longue colonne croisée en sens inverse par Keanu revenant en ville pour y retrouver son amour passé. Par bribes, on découvre ces personnages au fur et à mesure de la progression de la 'chienne' (l'ouragan Katrina que Laurent Gaudé ne nomme jamais) et qui se croiseront dans ce qui restera des quartiers nord de la ville.

Le personnage symbole de Josephine Linc. Steelson, la «négresse presque centenaire », fidèle, fière et toujours debout, décidera du lieu de sa mort, à son retour chez elle, drapée dans le drapeau US comme le symbole d'une « honte à ce pays qui nous a oublié ».

Un révérend qui se veut main de Dieu, des détenus oubliés, Rose, qui ne vit plus depuis longtemps, son petit garçon, sans oublier les alligators, sont les autres personnages qui, au hasard des rues inondées vont peut-être se croiser.

J'ai aimé l'écriture et le style de ce roman, les mots avec lesquels l'auteur a représenté l'ouragan et ses conséquences tant sur le plan matériel que dans le cœur des hommes. Une écriture faite de longues incantations, de monologues à cinq voix, d'images chocs.

C'est un roman, et pourtant l'actualité y est présente, avec les difficultés et les défaillances du sauvetage, la condition des noirs du sud américain, mais aussi l'espoir, représenté par cette Joséphine Linc. Steelson, dame Liberté des pauvres gens du Sud qui ne se laissera diriger, ni par les hommes, ni par la nature.

Laurent Gaudé a écrit un nouveau beau roman et comme dans les précédents, c'est la tragédie qui rythme le récit.

Les personnages, tous empreints d'une consistance qui dépasse l'évènement se confrontent à leur passé et à leurs choix; ils y gagneront une paix intérieure, qu'ils survivent ou périssent.

8 sept. 2010

BD 'Le scorpion'

Cela fait 10 ans que Enrico Marini dessine Le Scorpion, une série de cape et d’épée classique, mais bien scénarisée par Desberg. On suit avec plaisir le coureur de jupons et de trésors (le Scorpion) dans la Rome du XVIIIe siècle. La sortie du tome 9 fait la part belle aux intrigues et aux rebondissements. Mais, à trop vouloir faire durer une série, il ne faudrait pas que le rythme s'essouffle, et j'espère que l'on vivra le dénouement dans le tome 10.
Le site (avec une très belle bande annonce 3D)
Les images :

L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Cet excellent film restitue bien la fin du Far West mythique et la naissance d'une nouvelle époque.Les acteurs sont excellents et on retrouve Jeremy Renner (Démineurs) dans un bon second rôle.Le rythme est lent (2h20) et le parti pris de belles images (très) travaillées donne une belle dimension à ce western intimiste.A voir d'urgence pour les amateurs de cinéma.

Curieusement, pour l'atmosphère qui y est décrite, je rapproche ce film du fabuleux'L'homme qui tua Liberty Valance' (J. Ford 1962) où l'on retrouve les thèmes de la légende et la réalité, ainsi que la fin d'une civilisation (L'Ouest).

2 sept. 2010

Dieppe Rétro


Ce week end, (4 et 5 septembre 2010), randonnée de 'vieilles voitures' selon un parcours dans la campagne dieppoise :














A Dieppe, les voitures seront visibles dimanche matin de 8h30 à 10h30 dans la Grande Rue avant le départ pour St Nicolas d'Aliermont.
Cette année, il me faudra bouger; en 2009 les véhicules sont passés devant ma fenêtre !