17 nov. 2010

Film : Zodiac

David Fincher (sélection officielle Cannes 2007).
Distribution : Jake Gyllenhaal ( Robert Graysmith, dessinateur au San Francisco Chronicle); Mark Ruffalo : (inspecteur Dave Toschi); Robert Downey Jr. ( Paul Avery, journaliste au San Fransisco Chronicle); Anthony Edwards : (inspecteur William Armstrong, l'adjoint de Dave Toschi)....
Pendant plus de 2h30, on suit une enquête qui s'étale sur plus de 30 ans : la poursuite d'un tueur en série en Californie à partir de 1968 (et même 2 ans plus tôt comme on le découvre dans le film).

Plutôt qu'une enquête totalement linéaire, le réalisateur nous permet de suivre la vie
de plusieurs protagonistes de l'affaire, vie centrée sur leurs recherches pour appréhender le meurtrier, ainsi que ses conséquences sur leur vie privée et professionnelle.
J'avais totalement laissé passer ce film; même s'il eu droit à de très bonnes critiques. Ce retard est maintenant 'réparé' et j'ai beaucoup apprécié la manière dont Fincher a traité l'histoire : de très beaux plans, sans maniérisme, qui nous plongent directement dans le cœur de l'enquête, passant du dessinateur pointilleux, féru de casses têtes, au flic plongé dans cette recherche en passant par le journaliste blasé - Robert Downey Jr.- qui lâchera l'affaire pour plonger dans son auto-destruction, peut-être liée à la présence du tueur autour de lui (brillante interprétation pour l'acteur d' Iron Man).
Le film débute par le premier meurtre, sans appesantir sur le tueur, puis on suit les différents personnages et l'action se recentre progressivement sur le personnage qui trouvera au final l'identité du tueur.
La description du
sentiment obsessionnel des trois principaux interprètes et leur désoeuvrement face à leurs échecs sont très bien rendues.
La beauté des images et le scénario béton font de ce Zodiac un film à voir et à revoir, ne seraient ce que pour apprécier la qualité de la la mise en scène.

8 nov. 2010

Three by Steve Hackett (Genesis)

Je ne résiste pas au plaisir de publier ces reprises :

Steve Hackett : To Watch The Storms (2003)

Je ne découvre que maintenant cet album de 2003. La discographie du génial guitariste étant assez fournie , il n'est pas évident de tout écouter d'un seul trait. Pour qui connait un peu le personnage, le Steve Hackett effacé des débuts de Genesis a laissé place à un 'honorable' guitariste touchant tous les styles musicaux, qui déplait à certaines critiques. Personnellement, j'aime beaucoup même si certains albums sont plus difficiles à apprécier dès la première écoute. Dommage de ne pas l'entendre plus souvent dans nos jolies radios ! Il faut dire qu'on est loin d'une recette permettant le matraquage sur les ondes.
Témoin cet album de (17 titres sur une édition spéciale, que j'ai la chance de posséder !) alternant tous les genres : le 1er " Strutton Ground" ouvre une jolie ballade très agréable; puis "Circus of Becoming" me fait penser à des titres décalés de précédents albums, et on se laisse accrocher, comme dans son 2ème album solo en 1978 ('Please Don't Touch'). Le 3ème titre 'The Devil Is An Englishman' fait penser à du Peter Gabriel (premiers disques solo), ainsi que "Frozen Statues". "Mechanical Bride", et le suivant "Wind, Sand and Stars" sont dans un registre plus jazz rock, alors que " Brand New" introduit une guitare classique que l'on retrouve dans "
Rebecca" , ainsi que sur "The Moon Under Water" et "If You Only Knew". Suivent "Marijuana, Assassin Of Youth : tableau musical, synthése de plusieurs genres où l'on retrouve le thème de Batman (version série TV) et "Come Away " valse ou mazurka surprenante qui me fait penser aux Beatles de Sergent Pepper's.
"
The Silk Road", avec des mélodies et des percussions orientales, du pur blues pour "Fire Island" et une sorte d'hommage à King Crimson dans "Serpentine Song" (genre «I Talk To The Wind»), tous ces titres nous guident dans un voyage musical à travers les genres explorés par Hackett.

Titres :
1. Strutton Ground (3:03) - 2. Circus Of Becoming (3:47) - 3. The Devil Is An Englishman (4:26) - 4. Frozen Statues (2:57) - 5. Mechanical Bride (6:38) - 6. Wind, Sand And Stars (5:06) - 7. Brand New (4:39) - 8. This World (5:17) - 9. Rebecca (4:18) - 10. The Silk Road (5:23) - 11. Pollution B (3:11) - 12. Fire Island (2:12) - 13. Marijuana, Assassin Of Youth (6:50) - 14. Come Away (0:57) - 15. The Moon Under Water (5:22) - 16. Serpentine Song (5:48) - 17. If You Only Knew (6:25)

6 nov. 2010

Film : Greenzone (2010)

La guerre, toujours la guerre. Après 'Démineurs' qui s'intéressait plus à l'âme humaine face au stress provoqué par des missions extrèmes, le film de Paul Greengrass aborde le thème de la manipulation médiatique et militaire autour des armes de destruction massive qui ont motivé l'entrée en guerre des États-Unis.
Des moyens certes, mais au service d'un réalisateur qui construit son film comme un thriller nerveux, bourré d'action et qui permet d'aborder de front les arrière-pensées de l'administration Bush.
Matt Damon, dont la progression dans son enquête n'est pas sans rappeler celle de Di Caprio dans 'Mensonge d'Etat' (Ridley Scott - 2008), est très convaincant en petit soldat naïf qui comprendra progressivement que cette guerre a été montée sur des impostures.
Il est curieux de constater que les américains puissent produire des films de cette qualité sur leur histoire récente (2003), alors que dans le même temps, en France, des films sur la guerre d'Algérie ou ses conséquences (voir 'Hors la Loi) posent encore des problèmes de conscience.

Film : Blood Diamond (2006)

Les diamants de la guerre en Sierra Léone, un bon scénario, Léonardo Di Caprio tenant bien son rôle, des images impressionnantes. Tout cela pour un film long (2h20), mais le propos permet d'appréhender une réalité pas jolie-jolie, malgré des personnages un peu stéréotypés.
Pour ce film d'Edward Zwick ( Glory) les 2 acteurs ont reçu :
l'Oscar 2007 du meilleur acteur (Leonardo DiCaprio) et meilleur acteur dans un second rôle (Djimon Hounsou) .


4 nov. 2010

Film : La vie des autres

Lorsque j'ai vu ce film pour la première fois à sa sortie cinéma (2007), ce fût une révélation. Comment réussir à captiver sur un sujet délicat, en version allemande sous titrée de surcroit ?
L'interprétation ? oui, évidemment - La réalisation ? sûrement - L'histoire ? bien sûr.
Et pourtant, comment s'opère la magie ? Personnellement, je ne sais pas. Une alchimie qui fait Un Grand Film, peut-être un peu noyé, après son succès, et qu'il convient à tous les égards, de ne surtout pas oublier.

Lien sur AlloCiné (ici)

2 nov. 2010

Roman : Parle leur de batailles, de rois et d'éléphants

Ce titre de Mathias Enard, extrait d'un livre de Rudyard Kipling, nous dépeind un Michel Ange invité du sultan de Constantinople. Pour lui, le défi est double : montrer au pape Jules II qu'il ne lui doit rien et surpasser le génial mais - 'si peu artiste' - Léonard de Vinci dont le projet avait été refusé par le sultan.
Les aventures stambouliotes (j'ai appris ce mot bosphorien) de Michel-Ange sont le prétexte à faire ressentir tout ce monde oriental grâce à de riches descriptions : les fêtes, le caravansérail, les danses androgynes...
C'est avec un réel plaisir que l'on accompagne l'artiste dans son trouble face à ces beautés entrevues, puis approchées.

Des chapitres poétiques, livrés par une danseuse, tels des récits des mille et une nuits, ponctuent ce court mais intense roman pour faire contrepoint aux détails d’Histoire de l’art (on voit ou entrevoit quelles ont été ses sources d'inspiration pour telle et telle œuvre), ce qui fait de ce livre à la fois un récit historique et une fiction
La personnalité de Michel-Ange, hésitant dans ses choix : pape/sultan ; chrétien/musulman ; guerre/poésie ; orient/occident ; homosexualité/hétérosexualité nous apparaît, dans sa complexe humanité.

Une histoire de détails, de poésie, d'oppositions, écrite d'une plume à la fois forte et légère qui donne envie de remonter le temps.